Auteur Sujet: Le tour des Alpes en rouge et noir  (Lu 8270 fois)

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Hors ligne Bourrask

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #15 le: 04 août 2013 à 18:39:46 »
Le quatrième jour. En route pour Villach.

« -Hello, I’m french ! Do you speak english ? I need a frame for a tiger sport, the new one do you know this model ? I need the right footset passenger.
- Yes I know it. Come on. »
On a un peu répété la traduction anglaise du repose pied passager, pas trop sûr de nous, néanmoins c’est à peu près le contenu du coup de fil d’Alain à la concession Triumph de Villach à 100 bornes de distance.
Alors go pour Villach en espérant trouver là bas un Tigre Sport et pas un vieux modèle, sinon il faudra tenter la concession d’Innsbruck beaucoup plus lointaine.
Les routes pour se rendre à Villach sont toutes chiantes alors on choisit la plus rapide en passant par Spittal, l’important étant d’arriver avant la fermeture de midi.
Sur le territoire autrichien, Michèle préfère restée passagère de Fifi. Christine monte sur le Tuono derrière moi et Alain sur son Tigre. Le temps est chaud et radieux, on laisse les combinaisons de pluie à la maison et on part pour de la route bien droite (par rapport aux routes jusque là). On empruntera même un bout d’autoroute entre Spittal et Villach par inadvertance. A la faveur d’un arrêt clope, Alain nous apprendra la chance que l’on a eu de ne pas s’être fait contrôler, une vignette étant obligatoire comme en Suisse. A bon ? Le mauvais état général du bitume me semblait expliquer la gratuité de la voie rapide.
Grace à l’aide du GPS et à la vue de Michèle surtout, on finit par trouver la concession Motorrad Klinik dans la zone commerciale nord de Villach. A peine sur le parking du magasin on aperçoit garé là un Tiger Sport tout neuf aux couleurs de la concession. On dirait que la chance nous sourit.
De le chance je me dis que j’en ai aussi. L’aprilia n’est pas tombée conjurant ainsi la malédiction dont on croyait Christine passagèrement possédée.
La pièce recherchée n’étant pas en stock, le gérant en accord avec son chef d’atelier propose à Alain de prélever le repose pied sur le Tigre garé devant la vitrine. Le Tigre qui appartient au chef d’atelier. C’est pas beau ?! La pédale de frein tordue est elle aussi remplacée par une pièce en stock.
Avant de partir on remercie sincèrement comme il se doit nos deux sauveurs et on va déjeuner dans le restau juste à coté.
Le menu est en allemand évidemment on ne comprend rien et la serveuse ne parle pas anglais. Le trublion de la bande qui nous a déjà beaucoup fait rire jusque là, j’ai nommé Fifi, se lance alors dans un mime des animaux de la ferme pour deviner les plats proposés. La vache avec ses cornes fait « meuh », la poule fait « cotte cotte », le cochon fait « crouic crouic ». La serveuse pouffe de rire, nous aussi.
Il serait temps que la patrie nous décore !
Pour la défense quotidienne de ses valeurs. Sur la route où Suisses, Allemands, Hollandais nous acclament régulièrement pour notre pilotage et notre savoir vivre. Pour notre capacité à communiquer avec les autochtones jamais prise au dépourvu. S’agissant de l’élégance française elle n’est pas démentie.
On remonte sur les motos. La chaleur est lourde, le ciel d’un dégradé bleu foncé profond. On se dirige vers le noir. On emprunte de la petite route de montagne pour contourner le centre de Villach. Aux premières gouttes de pluie on s’arrête comme pour revêtir les combinaisons de pluie laissées à l’appart. Alors on repart.On croise plus loin des motards abrités sur le bord de la route apeurés par quelques gouttes et une route juste mouillée.
Soudain des trombes d’eau s’abattent sur nous. Vision à moins de vingt mètres, obligation de lever l’écran du casque et de subir les nuées de piqures de gouttes dans les yeux. Je distingue une silhouette de camion en sens inverse aussitôt accompagnée d’une vague qui achève de me détremper jusqu’à l’os, je bois presque la tasse.
Retour dans la vallée, la pluie s’arrête immédiatement, les routes sont sèches, la température élevée.
Le temps de rejoindre Hermagor et je suis quasi sec. Parfait pour le tour de circuit ! C’est comme ça qu’on appelle la route à venir depuis la version précédente du trip et on compte sur elle pour nous donner le plein de sensations de la journée.
J’aborde les deux premiers virages pas trop vite histoire de reprendre les marques de cette route incroyable tracée au milieu de nul part. Dans le rétro deux casques surmontant l’optique d’un Speed rouge me colle au cul. Toujours prêt le Fifi ! Alors la poudre tonne !
De grandes courbes au fort dénivelé s’enchainent avec de secs virages à plat pendant dix bornes, le bitume est parfait, la route déserte, un vrai bonheur jusqu’au sommet! Fifi a du lâcher le morceau un peu avant sous les coups de poings dans le casque de sa passagère. La descente de l’autre coté est très sinueuse aussi mais le bitume plus incertain, on finit plus calmement.
On achève la journée par de la route moins joueuse si ce n’est la montée d’Iselsberg et l’hôtel dans l’épingle qui est désormais l’entrée de la voie des stands.
Demain on ira en Slovénie où il ne pleut jamais.

Le petit itinéraire du jour, un peu plus de 200 km:
https://maps.google.fr/maps?saddr=Iselsberg,+Autriche&daddr=Obervellach,+Autriche+to:Villach,+Autriche+to:Bad+Bleiberg,+Autriche+to:hermagor+to:Iselsberg,+Autriche&hl=fr&ll=46.80194,13.301697&spn=0.501046,1.198196&sll=46.764795,13.349762&sspn=0.511267,1.196823&geocode=FVC6ygId0BDEACk95DR8Z1x3RzF5iLR0UMELbw%3BFbcbzAId-2jJACkb6Y2sQ0t3RzFcvoIa3F8RxQ%3BFbAwxwId_FfTACk3QSl7N4NwRzHk9-8AZp5JrQ%3BFU5yxwId_r3QACkRHS7-33d6RzFVRhSH0o_4Rw%3BFQpyxwIdYg3MACkngBUXfgl6RzGUkf4JUt4WLA%3BFVC6ygId0BDEACk95DR8Z1x3RzF5iLR0UMELbw&oq=ise&dirflg=ht&mra=ls&t=m&z=11
« Modifié: 04 août 2013 à 18:43:07 par Bourrask »

Hors ligne Phil 38

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #16 le: 05 août 2013 à 10:14:05 »
 :super:
Ah bon! t'attaquais toi? :mrgreen:

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #17 le: 05 août 2013 à 14:54:27 »
t'ain, c'est super bon  :(
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Hors ligne Phil 38

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #18 le: 05 août 2013 à 15:06:29 »
Clair que ça fait envie!...   :(  Enfin, la balade hein! pas les problèmes!...   :mrgreen:
Ah bon! t'attaquais toi? :mrgreen:

Hors ligne Guilbar

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #19 le: 05 août 2013 à 16:35:55 »
Bourrask  :+1:

La prose est de grande qualité et pleine d'humour.... j'adore !!! La suite , la suite....  :super: :D
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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #20 le: 05 août 2013 à 21:42:51 »
Trop galere a lire sur la tablette
Mais ça fait envie  :(
Je decortiquerai tout ça au retour
Ça me motivera peut être à faire le mien  :siffle:
 8)
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Hors ligne kéziah

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #21 le: 05 août 2013 à 21:53:35 »
 :+1: Trop fort  :super: Moins cool pour les chutes mais ça fini bien  :)
C'est un Triumph !

Hors ligne Bourrask

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #22 le: 05 août 2013 à 22:22:42 »
Le cinquième jour. La Slovénie.

5h30 comme la veille je suis réveillé par les mouches !
Ces saletés de mouches qui pullulent par dizaine autour des assiettes le soir quand on dîne et qui dès les premiers rayons du soleil reprennent leur danse frondeuse sur la moindre surface de peau offerte à l’air libre. Fait déjà chaud de bon matin, je me calfeutre tout de même dans mon duvet sarcophage pour stopper les attaques répétées et me rendormir.
7h15, je suis à nouveau réveillé…
Je ressens une présence de plus grande ampleur cette fois dans la cuisine (Je dors sur un matelas gonflable dans le séjour-cuisine. A la base l’appartement retenu était prévu pour quatre personnes quand je me suis incrusté pour la formule semi camping au dernier moment, un mois et demi avant le départ qu'en même. Trop short pour envoyer un mail…Pas moyen de se défaire de l’organisation bouzeuse!). C’est Fifi qui s’affaire devant l’évier, je retombe dans une demi inconscience.
Soudain la cafetière se met en branle. Le percolateur souffle sa vapeur, le café coule, je comprends que c’est parti pour un quart d’heure.
Fifi tu vas prendre cher aujourd’hui!
Petit-déj café avalé pour tout le monde direction la Slovénie, sa station service en zone détaxée, ses cols aux noms imprononçables et son étape restau pas cher. On est pas organisé alors on fait toujours pareil. On ne change pas une équipe qui gagne !
Pour trouver la frontière slovène faut retourner quasiment jusqu’à Villach et donc réemprunter une partie de la route de la veille. Pas dommage, on va se refaire un tour de circuit, en descente cette fois!
Sur la voie d’entrée du circuit Fifi nous arrête pour pisser alors que devant nous un motard en sportive s’apprête à regagner le terrain de jeu. C’était peut-être un local, ça aurait pu être fun et instructif.
Fifi multiplie les erreurs aujourd’hui !
On en profite pour fumer. Deux autres motards passent en roadster sport 600, je crois même reconnaître une de ces motos très peu répandues, une Street Triple il me semble. Bon maintenant Fifi tu jettes ta clope et on y va, là tout de suite, maintenant, faut qu’on aille en Slovénie !
A la montée il y a plus de monde que la vieille, entre autre un papa et son gamin de 5-6 ans chacun sur leur vélo à monter cette cote de 20%, alors on évite de passer en trombe. Au sommet la ligne de départ pour la descente, un flic, deux virages plus loin la route est libre!
Encore plus sensationnelle qu’à la montée cette route ! Et l’impression de littéralement plonger dans ces grandes courbes que l’on peut aborder, déjà, avec pas mal d’angle, alors la corde, la sortie j’en parle même pas ! Finalement, les deux motards aperçus plus tôt s’avèrent être allemands.
Dans mon vocabulaire, allemand devient désormais et définitivement synonyme de « traine teub ». Enfin moins que suisse qu’en même qui serait plus tôt le synonyme de « marche arrière » ou de « je-m’arrête-je-descends-et-je-passe-le-virage-à-la-poussette » à voire.
Gros temps fort de la journée, la montée du Korensko sedlo avant la frontière solvène. T’as beau relever la tête le plus haut possible, la ligne droite emplie tout le champ de vision, comme un mur infini sans horizon. La sensation est très singulière.
Ensuite arrivée sur le poste de frontière et son char d’assaut démilitarisé, débrayage du moteur accouplé à l’Akra full bordel 30 mètres avant dans la descente, contrôle des papiers d’identité et à nous la boutique aux vices détaxés !
Finalement on est un peu déçu, seules les clopes sont à moitié prix, pour le whisky et autres tentations c’est le même tarif qu’en territoire français.
Note pour le prochain trip : acheter toute la consommation d’alcool à Livigno. Prévoir une valise vide à l’aller.
Rectification, demander à Vapatrovitch de venir avec une valise vide.
Kranjska Gora, arrêt café allongé, café ristretto, chocolat au lait, coca, deux bières, faut deviner les personnages attachés à chaque boisson, attention y’ a un piège. Et on est reparti pour le col de Vrsic, sa rivière turquoise du début asséchée cette année, ses épingles en pavés et les premières gouttes de pluie.
Le sommet franchi, la pluie nous accompagne pour la descente. On s’arrête au restaurant habituel pour la pause de midi. Fifi retrouve un de ses nombreux amis croisés tout au long du voyage, un dauphinois belge ici. On nous avait pas parlé en français depuis quelques jours, on est content même si l’exotisme en souffre.
Il pleut toujours alors que vient le moment du départ, cette fois les combinaisons de pluie emportées vont servir pour le Passo di Predel, le Passo di Nevea et tout le Canale di Raccolana. Les étroites épingles dans les tunnels franchies, me reviens en mémoire, au bout de la route, un café italien à Chiusaforte. On s’y était par le passé abrité du soleil sous une terrasse couverte. Cette année ce sera de la pluie, ainsi soit-il. Par la sorte le café peut, me semble t-il, entrer dans la longue liste des lieux de culte du pèlerinage de notre chef de groupe et guide spirituel Alain. Presque on dirait une secte !
On repart pour le col de Pramollo sous la pluie qui nous abandonnera dans le fond de vallée autrichienne à proximité d’Hermagor. Je laisse tomber un troisième passage sur le circuit pour éviter à Fifi un nouveau massage des cervicales. Direction maintenant une nouvelle réminiscence de sensations via le col situé entre Kotschach et Oderdrauburg.
Je pense que Fifi et Alain ont reconnu la route 20 bornes avant le col. Le jeune y va pas nous la faire, ils ont du se dire!  Aiguisés, prêts à envoyer dès la première épingle, qu’importe les passagères, la route ils la connaissent par cœur. Gavage !
C’était bien marrant ! Pour résumé Fifi a subi une nouvelle nuée de coups de poings et Alain s’est défait de son anxiété dans les épingles à droite.
Retour à l’écurie.
Demain sera la dernière journée en Autriche, après il faudra penser au retour.

L'itinéraire, 300 km:
https://maps.google.fr/maps?saddr=Iselsberg,+Autriche&daddr=hermagor+to:Kranjska+Gora,+Jesenice,+Slov%C3%A9nie+to:Trenta,+Tolmin,+Slov%C3%A9nie+to:Chiusaforte,+Province+d'Udine,+Italie+to:Iselsberg-Stronach,+Autriche&hl=fr&ie=UTF8&ll=46.608884,13.342209&spn=0.499537,1.003189&sll=46.495083,13.436966&sspn=0.513821,1.196823&geocode=FVC6ygId0BDEACk95DR8Z1x3RzF5iLR0UMELbw%3BFQpyxwIdYg3MACkngBUXfgl6RzGUkf4JUt4WLA%3BFTFMxQIdclrSACn1ig-Y5Xx6RzHend-7guIQ3A%3BFa-5wwIdM93RACmPOB-7LGJ6RzGWr_vWZklZcg%3BFYckxAIdVR3LACnFLK4TMBR6RzFZQdRCjRGVPg%3BFRGxygIdj_3DACmnRUEc2lx3RzEZDCP6nveYOw&oq=isel&dirflg=ht&mra=ls&t=m&z=11
« Modifié: 05 août 2013 à 22:27:21 par Bourrask »

vapatrovitch

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #23 le: 06 août 2013 à 10:42:41 »
Toujours excellent, je note que tout les prétextes sont bons pour pouvoir encore plus lester mon enclume :lol:

Et Alain peut se proclamer expert en cassage de support de cale pied, ça fera que le 3ème.. :mrgreen:

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #24 le: 06 août 2013 à 16:19:03 »
 :(
le contact avec les vieux te bonifie  :mrgreen:
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vapatrovitch

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #25 le: 07 août 2013 à 19:34:22 »
Ah, les cols slovènes, ses épingles en pavés, et ses troupeaux d'Allemands belliqueux... :D

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Re : Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #26 le: 07 août 2013 à 20:42:54 »
Ah, les cols slovènes, ses épingles en pavés, et ses troupeaux d'Allemands de Lapins belliqueux... :D

 :mrgreen:
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Re : Re : Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #27 le: 07 août 2013 à 21:08:47 »
Ah, les cols slovènes, ses épingles en pavés, et ses troupeaux d'Allemands de Lapins chicanes mobiles belliqueux... :D

 :mrgreen:
Plus realiste
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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #28 le: 07 août 2013 à 22:07:25 »
Le sixième jour.
L'Autriche pour les anglaises, la mère patrie pour l'italienne.


Les nombreux nuages agglomérés dans le ciel crépusculaire de la veille laissent place ce matin à un ciel bleu limpide. Réveil et petit déjeuner tranquilles. Fifi bien briefé la soirée dernière aura subi deux heures à regarder les véhicules passer sur la route en contre bas à nous attendre.
Aujourd’hui les amoureux décident de partir flâner vers le glacier du GrossBlockner, paysage incontournable pour qui n’est jamais venu jusqu’ici. Qui plus est ce sera une journée de repos en prévision de la grosse étape du lendemain.
Pour ma part je connais déjà le Gross et je n’ai que l’Aprilia. Pas de romantisme en prévision mais du hardcore avec les routes italiennes taillées comme des pistes de kart juste de l’autre coté de la frontière.
Au départ les couleurs se séparent, le rouge pour la romantique Autriche, le noir pour la sulfureuse Italie.
D’abord la droite vallée jusqu’à la frontière et la ville de San Candido pour bifurquer vers le Passo di M. Croce di Comelico, pas très intéressant finalement et très fréquenté. Ensuite à partir de Padola la route est comme dans mon souvenir, le relief moins abrupt, les virages étroitement enchainés les uns avec les autres, le bitume parfait et déserté. Il en sera de même jusqu’à Ravascletto en passant par Sappada.
Peu après Ravascletto ce sera la petite route perdue et torturée déjà empruntée par le passé, le col aux dénivelés impossibles et à l’étroitesse parfois suffocante. Je n’y suis pas encore.
J’obtempère au panneau signalétique m’indiquant à un kilomètre la bourgade italienne convoitée, et m’engage sur un semblant de route qui m’évoque de prime abord de vagues souvenirs.
Au bout de quelques kilomètres je me rend à l’évidence, ce tracé est une découverte.
Ca monte de plus en plus, le bitume s’étrécit à mesure, un panneau danger « route sans barrière » est planté sur le bord, les épingles semblent connectées directement avec le fond de la vallée, les premières sensations de vertige apparaissent. L’ascension s’achève avec le bitume qui laisse place à une piste de terre et de gravier large comme une vieille Fiat 500. Jamais de demi-tour !
La piste est sans difficulté, pas d’ornière ou autre piège soudain, ce qui m’incite à poursuivre malgré la sensation de vertige de plus en plus oppressante. Premier virage à l’équerre et la vue sur le précipice s’offre à moi ! Deux milles mètres de tyrolienne qu’on pourrait implanter là jusqu’à la ville tout en bas ! Le cauchemar du jeudi soir et des cours d’escalades effectués deux ans auparavant me revient en force. L’initiation prolongée n’ayant fait qu’accroître ma peur du vide.
Alors je regarde loin devant. De ma position j’ai une vue globale sur cette strie à flanc de montagne. Je l’observe longer les reliefs saillants et devine sa présence sur les faces invisibles. J’estime sa longueur à 5-6 kilomètres pour la partie émergée de l’iceberg vert. Pour la partie cachée et le sommet j’espère juste que « ça passe ». Aucune envie de faire demi-tour.
Malgré les filets de nylon bleu comme garde-fous dans les virages les plus serrés, je reste fébrile.
Deux cyclistes à contre sens me redonnent confiance sur l’issue du col. Je m’arrête pour admirer le panorama, récompense de l’épreuve.
Au détour de la montagne apparaît alors un motard debout sur une 1200 GS équipée des typiques valises métalliques rectangulaires. Grand coucou respectif de la main. Suit un second puis un troisième.
Me vient en tête la sentence d’Alain et Fifi « tout le monde dit que la GS est la meilleure moto de la production, sauf nous ! »
"Alors les traine… les Allemands, z’êtes pas impressionnés de croiser un streetfighter tout carbone et Olhins sur une route pareil ?" M’enorgueillis-je.
En fait encore légèrement tétanisé par le vertige, je me jetterai volontiers à terre pour les supplier qu’ils m’apprennent si la fin du calvaire est proche !
Faut en finir, je repars.
Trois kilomètres plus loin au détour d’un virage, soudainement un bitume noir flambant neuf reprend ses droits sur la piste, mais le passage est barré par un cheval au milieu de la route.
Pas un canasson de trait, une vraie bête de course haute et élancée, élevée à l’air de haute montagne, les muscles saillants. Le bestiau doit être jeune. Il me fixe d’un air de défiance visiblement pas du tout impressionné par ma présence.
"Allez tu t’es trompé de film, c’est pas une séquence d’Easy Rider ici, alors on va éviter l’analogie entre l’équidé et la moto, fais moi le plaisir de dégager vite fait de mon chemin."
Finalement je passe tout doucement en accélérant un peu au passage de son arrière train, sait-on jamais…
Et à moi la descente bitumée ! Apaisé, je descends à toc jusqu’à la vallée.
Je retrouve mon point de départ à coté de Ravascletto ; j’ai tourné en rond à l’évidence.
Je laisse tomber le petit col que je cherchais initialement, trop soft finalement et me dirige vers le col de Pramollo emprunté la veille sous la pluie, aujourd’hui sec. Top col !
Un dernier adieu au circuit après Hermagor et je rentre à l’appart.
C’est la dernière soirée en Autriche avant la grosse étape jusqu’à Chur en Suisse. Fifi déchainé nous fait beaucoup rire.
Fifi c’est le Joe bar team à lui tout seul !
C’est ce que je me dis à l’écouter. Presque j’aurais du prendre des notes…dur aveux.
Demain on partira à 8h, alors avec grand plaisir c’est Fifi qui nous lèvera à 6h30 !

Mon itinéraire:
https://maps.google.fr/maps?saddr=Iselsberg,+Autriche&daddr=San+Candido,+Province+autonome+de+Bolzano,+Italie+to:46.5710415,12.4836019+to:Sappada,+Province+de+Belluno,+Italie+to:Ravascletto,+Province+d'Udine,+Italie+to:46.5612099,12.9116341+to:Zovello,+Province+d'Udine,+Italie+to:Pontebba,+Province+d'Udine,+Italie+to:Hermagor,+Autriche+to:Iselsberg,+Autriche&hl=fr&ll=46.620204,12.910995&spn=0.533388,1.106873&sll=46.64048,13.052444&sspn=0.512446,1.196823&geocode=FVC6ygId0BDEACk95DR8Z1x3RzF5iLR0UMELbw%3BFTsLyQIdyWK7AClXMnWRFSt4RzGJ3dosKTRsjw%3BFSGexgIdEXy-AClnx_pvBcV5RzEXO1WBum7zNg%3BFYGTxgIdepDBAClFF1b7Zeh5RzEQVpEVhwkHBA%3BFTf9xQId9izFACnVqcAFuPB5RzEAb5EVhwkHBA%3BFbl3xgIdEgTFACnhQb3Ln_B5RzGqV0Cqob932Q%3BFesBxgIdOZrFACnTN41fOvd5RzEhtGDEg-hjCQ%3BFdOhxQIdhgnLACmzcrSl3BF6RzGyowTVDQ_0kQ%3BFQpyxwIdYg3MACkngBUXfgl6RzGUkf4JUt4WLA%3BFVC6ygId0BDEACk95DR8Z1x3RzF5iLR0UMELbw&oq=isels&dirflg=ht&mra=ls&via=2,5&t=m&z=11
« Modifié: 07 août 2013 à 22:20:35 par Bourrask »

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Re : Le tour des Alpes en rouge et noir
« Réponse #29 le: 09 août 2013 à 00:07:23 »
Le septième jour. Iselsberg - Chur.


6h30, j’entends une faible sonnerie de réveil dans une des chambres voisines. A mon grand étonnement c’est Alain qui pénètre ma chambre-cuisine-séjour.
Fifi n’émerge qu’à 7h comme si le dernier jour les habitudes s’étaient inversées entre les lève-tôt et les trainards du matin.
C’est le moment de ranger les vêtements et accessoires dans les valises en essayant de se remémorer leur place respective du premier jour.
Avant le départ chacun avait pris studieusement le temps de préparer et d’étudier les solutions les plus rationnelles pour le chargement concernant la répartition du poids et des masses volumétriques, l’accès rapides aux éléments de premier secours comme la combinaison de pluie, la paire de gants hiver, la polaire ou la boisson irlandaise énergisante.
Je me souviens du carrefour Bassens, chacun arborait le sourire satisfait du grand départ. Le sourire d’une première victoire accomplie, la prouesse d’être parvenu au point de rendez-vous la moto idéalement chargée sans que rien ne se casse la gueule.
Encore une fois pas Vapatro, qui lui s’est pointé à la one again comme d’hab. Mais avec des vraies valises neuves…de sa part c’est presque un aveu.
Aujourd’hui je jette tout en vrac dans les deux sacoches, je tasse, je force et m’excite sur les fermetures éclair. J’ai la première compèt du jour à remporter !
Ouais, d’apparence on se la joue tranquille, on est pas pressé. Mais en réalité, et même si personne ne l’avouera, chacun sait que le premier qui aura chargé sa brêle, le premier sur la ligne de départ aura déjà remporté peut-être l’unes des plus belles épreuves de la journée. La récompense ?
Une clope à la main, regarder avec nonchalance les autres achever leur chargement.
Pour les non fumeurs, on peut au choix vérifier la pression des pneus, graisser la chaîne ou ajuster le niveau d’huile moteur.
L’idéal c’est le combo !
Ce matin là on proclame l’ex æquo (je ne veux pas me brouiller avec mes acolytes).
On dit auf wiedersehen à notre logeuse et on monte sur les motos maquillées en Grosse Bertha pour une longue étape jusqu’à Chur en Suisse.
A Lienz on prend  la route de la vallée jusqu’à Brunico au détriment du Passo di Stalle et de son feu à sens unique. On a des bornes à abattre et pas l’envie de patienter une heure devant un feu rouge. On vise le Passo di Giovo au départ de Vipiteno. Là bas pause café pendant laquelle la décision sera prise qu’une fois le col franchi, Fifi et Michèle rejoindront Merano pour achever l’étape par de la route « facile », Alain, Christine et moi bifurqueront vers le Passo del Rombo pour une étape complète de montagne.
Au passage du Giovo, je me dis que cette année décidément personne n’aura voulu jouer avec nous, pas même l’Audi doublée deux fois, pourtant quasi un modèle de course. Mais où en profitent-ils tous ces Allemands et Suisses de leurs autos de sport à 150 K€ ? Sur les voies d’insertion des autoroutes limitées à 110 ?
A Leonardo on se sépare donc.
Pic-nic pour nous à l’ombre d’un soleil de midi cuisant. On retrouve un peu d’air frais au sommet du Rombo et de sa route à péage.
Peu après Solden arrêt ravitaillement des motos et rafraichissement des humains dans une station service autrichienne. Au sortir de la boutique, pourtant réhydratés, une apparition de la Bible se matérialise devant nous sur le bitume des pompes à essence.
La vieille Ducat 900 SS gris métal de Guido Braseletti est là !
Son pilote une femme, de 20 ans l’ainée de sa machine, une longue chevelure ébouriffée de même couleur que sa monture.
Un témoignage pictural aurait été justifié, mais on a pas osé sortir l’appareil photo…
Sur cette vision on repart direction la Suisse en évitant une partie de la vallée suivante via des petites routes de montagne étroites et désertées hormis des cyclistes.
Retour à la vallée néanmoins pour le passage de l’Autriche à la Suisse où on ne se gêne pas sur ces larges lignes droites pour augmenter un peu la vitesse moyenne.
Appel de phare d’une moto en sens inverse. Traversée du village suivant, petite montée dégagée, je suis en tête du binôme à vitesse modérée. Soudain un individu sorti de nulle part lève le bras dans ma direction pour m’indiquer l’arrêt.
Je reconnais immédiatement la version saison printemps été de l’uniforme international de police et la chemisette bleue. Ne sachant plus vraiment dans quel pays on est, tellement proche de la frontière Autriche-Suisse, j’espère qu’il est Autrichien. Les Suisses paraît-il qu’ils ne déconnent pas ! Je m’arrête avec bonheur à coté de la voiture de la Polizei autrichienne.
Il s’adresse à moi en allemand. Je coupe le moteur, retire le casque et les bouchons d’oreille. Désormais il parle anglais.
« Vous avez été contrôlé à 72 km/h pour une vitesse limitée à 50. »
Petit hochement des épaules confus de ma part. Je parle tellement mal anglais et puis j’ai rien à dire à part que:
Que depuis une semaine je roule le nez au vent sans compteur de vitesse, à l’intuition. Que c’était vraiment cool dans les cols à rouler sans jamais regarder autre chose que le compte tour ! Que pour toutes ces sensations, maintenant je veux bien passer à la caisse. Alors combien je gagne, 90, 180, plus?
Le flic, il a une bonne tête, il est souriant et ouvert ce qui change de ses homologues français. Il est accompagné d’un plus jeune.
Il annonce « forty euros » (soulagement !) et prévient Alain et Christine qu’eux aussi étaient en infraction mais pas verbalisables puisque dans ma roue arrière.
A la vue du permis français il discute en allemand avec son jeune collègue. Ils reviennent vers nous.
En cœur ils nous demandent à quoi peuvent nous servir les petits tabourets pliables décathlon harnachés à l’arrière du Tuono.
« Is it for fishing ? »
« No, it is a seat for camping. »
« Where do you come from and where are you going? »
« From Slovenia and we’re going to Chur. »
Finalement je paie 30 euros, on leur a fait un peu pitié je crois, je signe le PV et on repart après un grand signe d’au revoir de la main.
Plus tard on se partagera le montant du PV à nous trois. Grande classe.
En attendant on continue la route jusqu’à Davos en passant par le Fluelapass pour redescendre ensuite sur Tiefencastel et remonter enfin sur Chur via un dernier col.
Sur la route de Chur vers 20h on tente plusieurs campings. Tous sont réservés au camping cars.
On se dit alors qu’on pourrait tenter l’hôtel. Devrait y avoir moyen de négocier les tarifs des chambres libres à cette heure ci. A la deuxième tentative, bingo !
A nous la chambre double de 60 m2, ses deux salles de bains, ses lits de 2x2m et sa place de parking en sous-sol fermé. On s’est pas emmerdé, on a tout laissé sur les motos hormis les vêtements légers du soir.
Dîner au restau de l’hôtel et au lit à 22h30 après cette journée bien fatigante.

La route, 450 bornes:
https://maps.google.fr/maps?saddr=Iselsberg,+Autriche&daddr=Vipiteno,+Province+autonome+de+Bolzano,+Italie+to:San+Leonardo,+Province+autonome+de+Bolzano,+Italie+to:46.8908,11.130884+to:S%C3%B6lden,+Autriche+to:Wenns,+Autriche+to:Davos,+Suisse+to:Lenzerheide,+Vaz%2FObervaz,+Suisse+to:Chur,+Suisse&hl=fr&ie=UTF8&ll=46.890232,11.324158&spn=2.002748,4.045715&sll=46.793478,9.977646&sspn=0.510995,1.196823&geocode=FVC6ygId0BDEACk95DR8Z1x3RzF5iLR0UMELbw%3BFYCGywIdk3auACntTyuRQFOdRzH5_NYp3pHP7A%3BFbxOygIdm5irAClFh-q-YLGCRzG2gBsfbGqRuw%3BFTB_ywIdBNipACkt5wqXu8qCRzGnVfTUZRRHXQ%3BFceizAIdNvenACnHGihUWzKdRzE_38MurtsoTQ%3BFXG8zwIdUL6jACnvbkBw8tucRzGiasoqmvzEHA%3BFfgcygId6gGWACmdpWTfEKGERzHYli3fiQYz0A%3BFdkFyQId4NWRACl5w2z_gpWERzG1w8_caYNK6w%3BFS78ygIdyl2RAClVW_eKdseERzEwHwHXpnhPKw&oq=lenz&dirflg=ht&mra=ls&via=3&t=m&z=9
« Modifié: 09 août 2013 à 00:22:49 par Bourrask »