Auteur Sujet: 977 KM sur la journée en 675  (Lu 1231 fois)

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LUDO

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977 KM sur la journée en 675
« le: 20 juillet 2007 à 23:36:47 »
Hélas ce n'est pas moi mais en surfant j'ai trouvé ce récit trés sympa, je vous le copie si vous avez un peu de temps !
ludo


977km sur la journée en 675 !
Une petite balade au Triumph Day at Ace Café...

Une virée est annoncée, l'occasion est trop tentante: aller faire une courte visite au triumvirat triomphal des triumphistes du célébrissime Ace Café de Londres par ce beau dimanche estival de juin.

Les membres du R.A.T français se sont donnés rendez-vous à Calais pour 6h30 tapantes: je pars donc du nord de Paris à 3h00 espérant être au départ avec toute l'équipe. La lune pleine et métallique éclaire de sa lueur pâle et diffuse un superbe ciel dégagé et brillant d'étoiles : la journée s'annonce chaude. Tant mieux, j'ai déjà eu l'occasion d'essuyer une belle averse avec ma petite Triple et le souvenir de la protection de son carénage sous l'eau ne m'a laissé qu'une vague impression d'humilité teintée d'un copieux détrempage général face au déchaînement des éléments.

Ce matin, c'est le froid sec qui me transperce. En guise de préparation spéciale, j'ai réussi à harnacher un petit sac sur la selle : 2 minuscules boucles de tissus, qu'il faut aller dénicher sous le coussin de derrière, et la sangle dite de maintient suffiront à fixer solidement et durablement ce bagage durant tout le périple. La veste de pluie qu'il renferme se fera un excellent complément à mon blouson "mesch" étudié pour laisser respirer le corps pendant les fortes chaleurs, mais pour l'instant très perméable aux frimas de ce petit matin nocturne.

Mieux protégé, me voilà parti pour tailler l'autoroute, complètement déserte, uniquement habitée des passages furtifs de gros volatiles dérangés dans leurs activités et dont l'envergure et la lourdeur d'ailes laissent penser qu'il vaut mieux filer rapide en 675 que de grignoter des racines dans les champs. Je préfère ma fraîche condition à celle des petits rongeurs du coin. Miss Dayto3 n'est pas impressionnée par ces démonstrations silencieuses, elle gazouille gentiment. A 130 de moyenne, le moteur est d'une régularité étonnante. Conçu pour encaisser des régimes implacables, il ronronne peinard dans les 5500 tr/mn sans vibrations significatives. A ce rythme légal, rien ne semble pouvoir essouffler ce coeur de sportif de haut niveau.

Eclairé d'un large spectre par un des deux optiques, le bitume défile paisiblement, il est lisse et confortable, permettant à la selle en bois dur de se faire oublier. Une brève pression sur le poussoir d'appel de phare allume tout alentour et découvre les courbes du trajet dissimulées dans la pénombre. L'éclairage est puissant et je m'invente une course d'endurance où ma bête de piste ainsi équipée supplanterait tous les bricolages moins efficaces de mes adversaires. L'ambiance compétition se fait toujours présente, haut perché et le corps plongé dans le cockpit, la minceur environnante et la sécheresse des amortisseurs aidant. Tout me rappelle que je ne suis pas aux commandes d'une machine banale, elle est taillée pour le combat et ne concède que très peu de largesses au confort. On a signé pour la performance et ça se paie au prix fort.

Pour ne pas trop subir les contraintes physiques de la philosophie guerrière, je change régulièrement de position. Le trait de crayon des designers a intelligemment laissé beaucoup d'opportunités pour cet exercice, le pilote peut choisir sa place dans un panel de possibilités où chacun pourra y trouver son compte. Assis près du réservoir, l'autoroute se fait le souffle sur la visière, mais le dos se redresse et se repose. La pression du vent vient aussi soulager les poignets et les triceps. En repoussant l'assise un peu plus loin, on profite de la déviation d'air provoquée par l'étroit carénage, mais le cou commence à se cambrer en arrière avec les inconvénients liés à cette attitude peu courante. Enfin, les fesses complètement collées au dosseret et le menton survolant le réservoir, les cervicales sont brisées, mais le dos et les bras sont entièrement soulagés. Les pointes des bottes se figent sur les repose-pied, le casque disparaît derrière la bulle, les coudes se resserrent contre les flancs du réservoir, le flux d'air siffle comme une turbine : les démons frappent, on est au coeur de l'action. Il faut à présent s'abandonner aux exigences de cette diablesse.

Les pulsations de mes veines s'accordent progressivement aux vibrations de la mécanique et l'envie de tourner la poignée devient difficile à contrôler. Aller, il n'y a pas âme qui vive, je suis seul et le monde me fout une paix royale, rien d'autre ne m'incombe en dehors de cet accélérateur et de ses promesses soufrées. La folie est plus forte que la raison... Juste un petit peu... 0,3 grammes d'ivresse, et j'arrête !

J'abandonne toute décence et j'essore l'étrangleuse de l'Anglaise d'un seul geste jusqu'en fin de course. Un « Broooooaaaaahhhh » tonitruant et rageur s'élève alors de la boite à air. Les trois pistons s'enflamment de concert dans leur rugissement incomparable pendant que la roue arrière déchire la route sans pitié. L'accélération détonne sans s'essouffler et la vitesse affichée au compteur devient subitement indécente. Les led bleues du shiflight entament leur danse d'avertissement, le cadre se tend et la direction se raffermit, sur la 675 chaque information est transmise... Vécue ! Les rares irrégularités du bitume me réorganisent les vertèbres et la pression sur le casque devient difficile à tenir, il ne s'est passé que quelques secondes et je me suis instantanément catapulté dans une autre dimension où le trois cylindres joue les maîtres de cérémonie dans un tout nouveau registre d'émotions. Mes yeux écarquillés tentent de capter des bribes de la route qui se met à défiler trop vite. La machine décide, moi je m'accroche fermement au guidon : elle se lâche, se dévergonde, s'exprime. De mon côté je jubile, une euphorie m'illumine, je me marre tout seul dans ma peau de hors-la-loi, même si je sens que tout cela me dépasse. Je rends la main, le frein moteur râpeux fait dégringoler les chiffres du tableau de bord plus vite qu'ils ne sont montés.

Tout rentre dans l'ordre et la bienséance : Pas de témoins. J'ai dû rêver... C'est ce que je dirais si on me pose des questions embarrassantes… En attendant, quel beau songe, quel régal !

Le calme revenu, je maintiens une allure raisonnable. J'abats le reste de la distance légalement et sans la moindre fatigue. Sur ce billard sans fripures, cette moto étroite et légère soulage tout ce que son orientation marquée peut faire endurer.

6h30, je suis pile à l'heure au rendez-vous. Au guidon de cette guerrière, je m'imaginais arriver en complète décomposition, il n'en est rien. A croire que, sur l'autoroute, la rigueur de la partie cycle est une alliée plus qu'une traîtresse.

L'esprit Triumph anime tous les courageux matinaux qui ont fait le déplacement. Leurs néo-classiques se mêlent aux roadsters musclés dans une harmonie sympathique pour accompagner cette courte journée vers le bistrot mythique du berceau de la marque. En tout, une bonne quarantaine de moto forment un long cordon sur Circular Road dans les résonances volubiles des ténors du groupe : une dizaine de privilégiés ont profité de l'occasion pour aérer leur énorme Rocket III et venir exercer leur démesure parmi le convoi.

Noyée dans le cortège, ma "petite" hypersport tente de survivre en agglomération et l'épreuve semble délicate. Pas pour elle, dont le moteur souple et élastique s'affranchi à merveille des reprises sur le ralenti, mais pour le pilote, devenu pauvre conducteur avachi sur ses poignets, les fesses au firmament chaudement entretenues par la fermeté spartiate d'une selle calorifique. D'autant qu'ici les portions rafraîchissantes se trouvent misérablement courtes et limitées à 50 miles, surveillées tous les kilomètres par d'implacables radars suspendus.

Une âme latine bout sous mon casque, la Dayto prend son mal en patience et mon séant cuit à "petit" (?) feu. On est venu en balade, pas pour l'arsouille. La famille des Triumphistes compte des motards mûrs et expérimentés pour qui la vitesse et l'angle ne font plus trop partie des challenges quotidiens, partager leurs escapades devient un plaisir sage et serein; encore faut-il bien choisir sa monture... Pourtant la Daytona ne bronche pas, mais cette fois c'est moi qui grogne. Je me colle les hanches contre le réservoir pour simuler une position presque urbaine... Ça passe...

Enfin l'Ace Café se distingue surplombant un nombre impressionnant de moto, anglaises à 99 pour cent. L'établissement grouille de motards de tous horizons, les tables sont envahies et le brouhaha environnant est ponctué par les appels au porte voix des serveurs. Le parking croule sous les machines récentes et anciennes toutes amoureusement entretenues. Les vieux rockeurs ont sorti leur éternel teddy ou leur cuir râpé couvert de rivets et de pin's. La couleur locale prend des relent de sixtee's, mais la jeunesse y apporte sa touche dynamique, même si les figures emblématiques se parent au perfecto et se coiffent à la gomina. Je passe quelques heures délicieuses à admirer des machines d'un autre temps et leurs propriétaires farfelus, vestiges de l'époque mythique. Ceux là entretiennent aussi fièrement leur monture que leur passion, s'attachant à garder l'une comme l'autre aussi intacte que les années le leur permettent, signe qu'il y a du bon dans tout ça.

Avant de partir, j'irais offrir un dernier coup d'oeil à cette étonnante Bonnie, préparée "Dirt track": Un boulot d'expert !

J'emporte le souvenir d'une visite inoubliable. Sur la route du retour, je me promets d'y revenir plus longuement une autre fois.

A nouveau perché sur mon athlétique monture, je redoute la canicule environnante et la vitesse imposée. Deux paramètres qui, selon toute logique, ont du mal à s'accorder avec ma 675.

Tout se passera pourtant très bien. Pour le moins exigeante, cette moto ouvre cependant l'accès aux trajets quotidiens en offrant un traitement tout juste acceptable dans la circulation urbaine.

La Manche traversée en Shuttle, il reste quelques trois cents kilomètres d'autoroute à finir pour rentrer à la maison. Avec plus de quinze heures d'éveil depuis mon départ, je décide de maintenir une vitesse de croisière en dessous du maxi imposé par la loi. Premièrement, je serais sûr de conserver mon permis intact, et de deux, la fatigue se fera moins sentir. À ce rythme, la consommation sera très surprenante puisque, 260 kms plus loin, je rendrais la main avant de voir le voyant de réserve s'allumer. Cela représente plus de deux heures en selle, une brève pause me permettra de me recomposer avant de finir la dernière tranche. Un peu plus d'une heure plus tard la moto est devant son garage habituel. J'ai la tête emplie de beaux souvenirs et le corps léger. J'avais imaginé l'épreuve plus difficile.

Je viens de me prouver qu'on peut facilement abattre 977 kms dans la journée avec cette moto que je croyais exclusivement réservée à la piste. J'ai juste un tout petit regret : une journée c'est court, et le voyage est déjà terminé.

Je croyais me coucher avec des courbatures, il n’en est rien, je m’endors plein de rêves…

Texte par Emmanuel Luu Van

Hors ligne killou

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Re : 977 KM sur la journée en 675
« Réponse #1 le: 21 juillet 2007 à 00:38:58 »
Tout lu :)

Sympa le compte rendu.
977 bornes mais 600 d'autoroute  => c'est pas une utilisation digne de ce nom ca ! (les pauvres pneus !)

Hors ligne Nico666

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Re : 977 KM sur la journée en 675
« Réponse #2 le: 21 juillet 2007 à 09:00:02 »
Tu m'étonne... 600 bornes d'autoroute, c'est ce que je me tape presque tout les jours au taf :mrgreen: ptit joueur :roll:

Hors ligne yannick6782

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Re : 977 KM sur la journée en 675
« Réponse #3 le: 21 juillet 2007 à 09:09:09 »
Très beau RC  :applause:
Bike is a state of mind ...... Never forget it !!!

Hors ligne guillaumev

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Re : 977 KM sur la journée en 675
« Réponse #4 le: 21 juillet 2007 à 13:56:30 »
Beau CR!  :applause:

Vivement le prochain...  :)
Vive le 2.0 8)

Hors ligne Seb

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Re : 977 KM sur la journée en 675
« Réponse #5 le: 21 juillet 2007 à 14:21:00 »
 :super:
Je roule pas trop vite, je vole trop bas

Hors ligne TT16

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Re : 977 KM sur la journée en 675
« Réponse #6 le: 22 juillet 2007 à 10:46:19 »
pas mal :siffle:

mais bon, 977 kms, justesur route, c'est quand même mieux...et largement faisable... hein diemus?! :siffle: 8) 8)
Le bitume est fait pour être plissé

Hors ligne Gégé.

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Re : 977 KM sur la journée en 675
« Réponse #7 le: 22 juillet 2007 à 12:16:33 »
Et surtout mieux pour roder une machine je pense  :siffle:
Rico Grosse Fiotte !
Esteban est une Lopette!
Benoit est une Fiotte!