Râleurs du monde entier – unissez-vous !

[PYves]

Imaginez un instant qu’au lieu de vous sentir malheureux et de vous plaindre dans votre coin, vous exprimiez toutes vos inquiétudes et vos frustrations, des plus petits soucis de la vie quotidienne aux préoccupations politiques mondiales, à voix haute sur la place publique, avec d’autres, sous forme de chansons entraînantes. Cela ferait-il une différence ?

Des dizaines d’habitants des villes de Birmingham (Angleterre), Helsinki (Finlande), Saint-Pétersbourg (Russie) et Hambourg/Wilhelmsbourg (Allemagne) ont participé à des ateliers de doléances d’un genre nouveau, avec pour résultat la formation de quatre ChÅ"urs de lamentations locaux, ainsi que la création de spectacles. Le premier de ces ateliers conçus par les artistes Tellervo Kalleinen et Oliver Kochta-Kalleinen, s’est tenu à Birmingham au printemps 2005, et le dernier à Saint-Pétersbourg à l’automne 2006. L’idée est simplissime, mais brillante : transformer, par la grâce de ces ateliers, l’énergie négative et privée de la rouspétance en quelque chose de collectif, de public â€" et d’extrêmement positif. La plupart des participants semblent prendre le plus grand plaisir à se libérer de l’habitude de se morfondre en privé pour se plaindre, au moins une fois dans leur vie, de manière différente.

Les plaintes elles-mêmes portent, et ce n’est guère étonnant, sur plusieurs sujets de préoccupation largement partagés. Les citoyens des quatre villes concernées sont avant tout exaspérés par les choses suivantes : leur carrière est dans l’impasse, les transports publics sont mal organisés, les rues sont jonchées de papiers gras, de crachats et de crottes de chien, la vie est trop chère et, bien sûr, l’argent trop rare, il y a trop de bruit partout et le temps est pourri. La maîtrise de l’informatique de plus en plus souvent exigée semble aussi causer bien du souci. Ce que j’ai trouvé intéressant, et un peu plus surprenant, est que la plupart des râleurs s’en prennent à la quantité et à la dimension des panneaux publicitaires qui envahissent l’espace public et auxquels il est impossible d’échapper. Les gens sont excédés par la commercialisation massive de leur environnement et le font clairement savoir aux décideurs, aux propriétaires immobiliers, aux autorités municipales, aux agences de publicité, etc.

Les questions politiques du jour, qu’elles soient locales, nationales ou internationales, font aussi l’objet de nombreuses récriminations. Pourquoi les impôts des contribuables anglais servent-ils à financer la guerre ? Pourquoi les femmes, en Finlande, â€" et ce malgré la bonne réputation du pays en matière d’égalité des sexes â€" restent-elles moins bien payées que les hommes pour le même travail ? Pourquoi assomme-t-on les personnes âgées de tranquillisants dans les maisons de retraite ? Pourquoi faut-il attendre six mois pour obtenir un rendez-vous chez le dentiste ?

Du point de vue musical, tous les morceaux ont en commun de mélanger différents types de musique populaire et folklorique, teintés de quelques particularités locales. Ils ont aussi tous des refrains très entraînants et des paroles délibérément divertissantes, afin de dégager de la bonne humeur et de l’énergie positive, aussi bien sur scène que dans la salle. Il faut en effet que chacun puisse facilement apprendre les textes et les mélodies â€" car les ateliers sont ouverts à tous, que l’on sache chanter ou pas.

Paula Toppila, commissaire d’expositions


HORS LES MURS :

Deux concerts du Choeur lamentations de Paris :

Vendredi 11 avril à 18 h 30 à Mains d'Oeuvres
Vendredi 18 avril à 18 h et samedi 19 avril à 13 h sur la Place Saint Sulpice

Les Français ayant sûrement aussi des motifs de se plaindre, l’Institut finlandais, en collaboration avec Mains d’Å'uvres, a mis en place un ChÅ"ur de lamentations local. Dirigé par Joseph Racaille, il se produira à Mains d'Å'uvres le vendredi 11 avril ainsi que sur la place Saint-Sulpice le vendredi 18 avril et le samedi 19 avril.

www.mainsdoeuvres.org

www.helsinkisaintsulpice.fi

[Joker]

 

[KfiR]

Génial. 

[philo]

Génial. 

je plussois 

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Poisson d'Avril 

[PYves]

Même pas